LE MONDE 03/08/17
Par Aymeric Janier
Bien décidé à extirper du Yémen le cancer djihadiste dont il souffre, Washington intensifie sa campagne de bombardements contre Al-Qaida dans la péninsule Arabique (AQPA). Depuis plusieurs jours, les forces américaines multiplient ainsi les frappes aériennes, notamment dans le sud du pays, à la jonction des provinces de Chabwa, d’Abyane et d’Al-Baida.
A travers ces raids d’avions et de drones – dans lesquels un ancien détenu du camp de Guantanamo, Yasir Al-Silmi, a trouvé la mort –, les Etats-Unis cherchent à empêcher qu’AQPA, considérée comme la « filiale » d’Al-Qaida la plus dangereuse, ne tire parti du chaos provoqué par la guerre civile qui déchire l’ex- « Arabie heureuse ». BBC, The New York Times
Depuis mars 2015, une vaste coalition dirigée par l’Arabie saoudite (sunnite) mène un impitoyable conflit, aux côtés des fidèles du président Abd Rabbo Mansour Hadi, contre les insurgés chiites houthistes supposément soutenus par l’Iran, rival régional honni par Riyad.
Pour Ali Shihabi, directeur général de l’Arabia Foundation, cercle de réflexion washingtonien consacré à la péninsule Arabique, il est crucial qu’au-delà d’AQPA les houthistes – une « milice qui se terre délibérément parmi la population innocente » – soient défaits. Mais il appelle aussi les Saoudiens à revoir leur tactique afin d’éviter de tuer des civils. Fox News
Pendant ce temps, la situation humanitaire sur le terrain ne cesse de se dégrader. Dans un rapport rendu public en début d’année, l’Unicef évoquait déjà la déliquescence des services publics – au bord de l’effondrement – et le besoin aigu d’assistance, notamment pour arracher les enfants aux griffes de la famine.
Al-Jazira évoque aussi ce fléau, tout comme la destruction du tissu économique, urbain et social. De plus en plus méfiants les uns vis-à-vis des autres, les citoyens sont happés par le désespoir. « La guerre nous a appris que rien ne durait éternellement. Personne ne sait quand il va mourir », confie l’un d’eux, fataliste.
Dans ce contexte, Michael Shank, enseignant à l’université de New York, appelle le gouvernement Trump à verser les 2 milliards de dollars (environ 1,9 milliard d’euros) dont le Yémen a un impérieux besoin. « C’est ainsi que l’on noue des alliances. C’est ainsi que l’on vient à bout de l’insécurité. C’est ainsi que l’on fait pièce à la terreur. » US News & World Report